Formation : quelles clés pour la reconnaissance des végétaux ?
Si les freins à l'apprentissage des noms de plantes sont nombreux, les enseignants disposent de multiples pistes et outils pour le faciliter. Une étude rend compte des solutions les plus judicieuses.
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Une bonne connaissance de la nomenclature des plantes reste emblématique du savoir des jardiniers et horticulteurs. Lors du séminaire annuel du réseau national Horticulture et Paysage, une vingtaine d'enseignants ont participé à un atelier sur le thème de la reconnaissance des végétaux. Pour les animateurs, François-Xavier Jacquin, inspecteur de la DGER (*), et Caroline Pierron, enseignante chargée de mission, l'objectif des échanges était de mettre en lumière les facteurs de motivations et les freins à l'apprentissage dans ce domaine.
Une approche actuelle non adaptée
Les enseignants, associés en binôme, ont d'abord « planché » par écrit. Puis les critères, organisés en grandes catégories, ont été présentés à l'ensemble des participants. Les freins à l'apprentissage de la reconnaissance des végétaux sont multiples. Le premier blocage mis en avant est lié à la nécessité de fournir un travail de fond régulier pour acquérir des connaissances solides. Avec l'accès à l'information très rapide dans la société actuelle, l'appréhension des sujets reste souvent superficielle et, pour certaines matières dont la reconnaissance des végétaux, cette approche n'est pas adaptée.
À cela s'ajoute la nécessité d'assimiler le nom des végétaux en latin, alors que certains élèves peuvent déjà éprouver des difficultés avec le français et n'ont pas acquis de méthodologie pour apprendre, car ils ont été orientés à la suite d'un échec scolaire. Une pédagogie adaptée, au centre et dans l'entreprise, est indispensable pour débloquer les freins. En outre, les élèves n'ont pas forcément l'occasion de rencontrer une palette végétale très diversifiée au sein de leur entreprise. Comment leur faire comprendre alors l'intérêt d'apprendre une vaste gamme de plantes ? La mémorisation visuelle est parfois difficile. Réaliser un herbier peut être jugé fastidieux. Enfin, pour la plupart des enseignants, le temps imparti à cette discipline et la taille des groupes sont considérés comme un écueil. Les visites sur le terrain pour une approche concrète et en situation des végétaux ne sont pas faciles à organiser.
La question de l'abandon d'une épreuve de reconnaissance des végétaux dans l'examen final des bacs pros a été abordée, en soulignant qu'elle pouvait pourtant constituer une source de motivation pour d'autres élèves, et que cette connaissance reste un outil de valorisation des métiers horticoles et du paysage.
Travailler sur le terrain
Quels atouts l'enseignant peut-il mettre en avant pour susciter l'intérêt des apprenants ? En premier lieu viennent la possibilité d'aller sur le terrain et celle d'être acteur dans les projets d'aménagement : il faut connaître les plantes et leurs exigences culturales pour la création d'un jardin, pour l'entretien d'un espace planté ou pour la mise en production d'une gamme végétale. Ont été également cités comme moteur de l'apprentissage la connaissance d'un domaine spécifique qui procure une certaine reconnaissance sociale, l'acquisition d'un savoir qui peut faire la différence à l'embauche (surtout pour les étudiants adultes) et l'accès à des techniques d'apprentissage diversifiées. En effet, les cours de reconnaissance peuvent prendre une multitude de formes et s'intégrer dans d'autres phases de l'apprentissage.
Un des plus importants leviers d'action est de rendre cet apprentissage dynamique, voire ludique. Plusieurs pistes ont été évoquées : faire choisir par les élèves la palette végétale pour un aménagement paysager réalisé sur le site d'enseignement, créer un jeu de piste en plein air, développer la connaissance sur les usages des plantes autres que ceux purement esthétiques (alimentation, médecine, teinture...), entraîner à des concours de reconnaissance régionaux. Ces derniers peuvent devenir des défis à relever et des sources de motivation.
Certains enseignants ont par ailleurs mis en avant le fait que la motivation des élèves est également fortement liée à celle des enseignants vis-à-vis de cette discipline, parfois jugée rébarbative par les formateurs eux-mêmes...
Yaël Haddad
(*) Délégation générale de l'enseignement et de la recherche.
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